II Marie-Madeleine dans la Bible




Marie de Magdala a joué un rôle très important dans les Évangiles et le début du christianisme.
Au début du Moyen Age, Marie-Madeleine est représentée comme une pécheresse, une dame assez riche, ce n’est pas une prostituée.

Mais au début du XIIe siècle, suite à la réforme grégorienne, l’Église catholique veut montrer le sexe comme la source de tous les péchés. Ainsi la parabole de la "pécheresse" qui permet d’expliquer l’importance du pardon, devient une prostituée ravagée par le remords.
Elle doit se purifier par des sentiments de honte et de culpabilité car l’Église prêche alors que la pénitence est la seule voie de salut pour racheter ses péchés.

Jean Pirot, dans son livre "Trois amies de Jésus de Nazareth", explique que la confusion entre Marie de Magdala, Marie de Béthanie et la pécheresse anonyme citée en Luc 7:36-50, vient de Grégoire 1er. Surtout, l'assimilation de Marie de Magdala à une prostituée est une erreur d'interprétation du passage de Luc 8:2. Marie était possédée par sept démons, ce qui implique une multitude. Mais une "possession" n'est pas un péché sexuel mais plutôt une névrose, car les multiples occurrences de possession par les "mauvais esprits" dans les Évangiles seraient traduites en langage moderne par "maladie physique ou nerveuse" plutôt que par "péché charnel" ou problème au niveau d'un chakra par Sahaja Yoga.

Selon le romancier Dan Brown dans son roman Da Vinci Code (2003), Marie-Madeleine aurait été la femme du Christ, et l'Église en aurait ensuite fait une prostituée pour la discréditer et condamner le désir charnel. Dan Brown la considère comme le symbole de la féminité sacrée, le symbole du Saint Graal. Voici ce qu'il écrit:
« Le Graal est littéralement l’ancien symbole de la féminité et le Saint Graal représente le féminin sacré et la Déesse, qui bien sûr a disparu de nos jours, car l’Église l’a éliminée. Autrefois, le pouvoir des femmes et leur capacité à donner la vie était quelque chose de sacré, mais cela constituait une menace pour la montée de l’Église majoritairement masculine. Par conséquent, le féminin sacré fut diabolisé et considéré comme hérésie. Ce n’est pas Dieu mais l’homme qui créa le concept de péché originel, selon lequel Ève goûta la pomme et fut à l’origine de la chute de la race humaine. La femme qui fut sacrée, celle qui donnait la vie, fut transformée en ennemi. »

Ici, Dan Brown mélange plusieurs vérités pour en faire une version très personnelle, et c’est son droit d’écrivain. L’Eglise a certainement essayé d’évincer la figure importante de prêtresse qu’est Marie de Magdala, tout autant que l’importance du rôle de Marie auprès de son fils Jésus.
Effectivement, le symbole de l’évolution de l’homme a été diabolisé: c’est le symbole de la Kundalini tout entier qui a été perverti. Le serpent de la Bible apportant la connaissance et le principe d’évolution est devenu le messager du diable alors qu'il est celui de l'Adi Shakti la puissance de Dieu, et la femme est devenue la traîtresse ayant fait chuter la race humaine. Cependant le Saint Graal n’est pas le symbole de la matrice féminine au sens physique du terme : il représente l’ensemble des os du sacrum, qui sont le réceptacle de la Kundalini, cette énergie féminine qui donne la vie éternelle et la connaissance véritable.

Certains écrits gnostiques qui datent, au plus tôt, du IIIe siècle de l'ère chrétienne, surtout l’Évangile de Marie (qui est sans doute un peu antérieure et semblerait remonter au début du deuxième siècle), l'Évangile de Philippe, tendent à justifier la thèse du mariage de Marie de Magdala et de Jésus de Nazareth. Ils présentent Marie de Magdala comme l'épouse du Christ. Mais cette thèse est controversée et il nous semble plutôt qu'il faille interpréter cette union comme un mariage pour le Christ mariage spirituel, à l'image de celui que forme le couple Radha-Krishna.

Bien que certaines traditions tantriques aient créé une atmosphère de séduction autour de l'amour qui existe entre Radha et Krishna, il n'y a pas de lien sexualisé entre eux: ils ne sont pas un couple marié, car les deux sont mariés chacun de leur côté. Ils sont l'union de deux "âmes sœurs" qui se complètent pour former une identité unique et divine. C’est le symbole de l’union des aspects féminin et masculin de Dieu. On peut ainsi comprendre que Marie de Magdala et Jésus formaient un couple spirituel et non charnel, le couple Jésus/Marie de Magdala est donc à prendre en tant que symbole.

Ces écrits gnostiques redonnent surtout l’importance primordiale des femmes et impliquent que l’idée d'une égalité fondamentale entre l'homme et la femme était prônée par les premiers chrétiens, ce qui explique pourquoi ils auraient été des dissidents du message catholique officiel.

La tradition des premiers chrétiens admet à Marie-Madeleine une place essentielle parmi les disciples du Christ.
« Il y avait aussi des femmes qui regardaient de loin. Parmi elles étaient Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques le mineur et de Joses, et Salomé, qui le suivaient et le servaient lorsqu'il était en Galilée, et plusieurs autres qui étaient montées avec lui à Jérusalem. »
Évangile de Marc, 15, 40-41
Elle est présente au côté du Christ jusqu'à la crucifixion.
« Près de la croix de Jésus se tenaient debout sa mère, la sœur de sa mère, Marie femme de Clopas et Marie de Magdala. Voyant ainsi sa mère et près d’elle le disciple qu’il aimait, Jésus dit à sa mère : "femme, voici ton fils". Il dit ensuite au disciple : "Voici ta mère." Et depuis cette heure là, le disciple la prit chez lui. »
Évangile de Jean, 19, 26

On ne peut que s’interroger sur la nature masculine du disciple "le fils, lui" dans cet extrait: de qui s’agit-il? Qui est l’intrus et quand est-il apparu? Puisqu’on est en présence d’un groupe de 4 femmes ? Un homme serait-il venu avec elles ?
Ce n'était pas vraiment l’usage, puisqu’il est indiqué que les femmes sont souvent à l’arrière des hommes.
D'ailleurs est-ce que ce sont les hommes ou les femmes qui s'occupent de leurs aînés? Si par contre, on remplace le masculin par le féminin, "la disciple, elle" alors le texte prend un tout autre sens qui sera en accord avec celui des textes gnostiques.

C'est Marie-Madeleine que le Christ choisit pour témoigner de sa Résurrection.

On peut considérer Marie-Madeleine comme l'une des figures fondatrices du christianisme.

« Lorsque le sabbat fut passé, Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et Salomé, achetèrent des aromates, afin d'aller embaumer Jésus. Le premier jour de la semaine, elles se rendirent au sépulcre, de grand matin, comme le soleil venait de se lever. Elles disaient entre elles: Qui nous roulera la pierre loin de l'entrée du sépulcre?
Et, levant les yeux, elles aperçurent que la pierre, qui était très grande, avait été roulée.
Elles entrèrent dans le sépulcre, virent un jeune homme assis à droite vêtu d'une robe blanche, et elles furent épouvantées. Il leur dit: "Ne vous épouvantez pas; vous cherchez Jésus de Nazareth, qui a été crucifié; il est ressuscité, il n'est point ici; voici le lieu où on l'avait mis.
Mais allez dire à ses disciples et à Pierre qu'il vous précède en Galilée: c'est là que vous le verrez, comme il vous l'a dit."
Elles sortirent du sépulcre et s'enfuirent. La peur et le trouble les avaient saisies; et elles ne dirent rien à personne, à cause de leur effroi. Jésus, étant ressuscité le matin du premier jour de la semaine, apparut d'abord à Marie de Magdala, celle de laquelle il avait chassé sept démons.
Elle alla porter la nouvelle à ceux qui avaient été avec lui, et qui s'affligeaient et pleuraient.
Quand ils entendirent qu'il vivait, et qu'elle l'avait vu, ils ne le crurent point. »
Évangile de Marc, 16, 1-11

Marie de Magdala est le premier témoin de la Résurrection de Jésus, et ceci est une des preuves qui montrent l’importance du rôle des femmes dans le message de Christ. Bien que l’Église ait plus ou moins réussi à camoufler leur présence, avec notamment cette fusion des trois Marie-Madeleine, il en reste des traces.

« Cependant Marie se tenait dehors près du sépulcre, et pleurait. Comme elle pleurait, elle se baissa pour regarder dans le sépulcre; et elle vit deux anges vêtus de blanc, assis à la place où avait été couché le corps de Jésus, l'un à la tête, l'autre aux pieds.
Ils lui dirent: "Femme, pourquoi pleures-tu?"
Elle leur répondit: "Parce qu'ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais où ils l'ont mis." En disant cela, elle se retourna, et elle vit Jésus debout; mais elle ne savait pas que c'était Jésus.
Jésus lui dit: "Femme, pourquoi pleures-tu? Qui cherches-tu?"
Elle, pensant que c'était le jardinier, lui dit: "Seigneur, si c'est toi qui l'as emporté, dis-moi où tu l'as mis, et je le prendrai."
Jésus lui dit: "Marie!" Elle se retourna, et lui dit en hébreu: "Rabbouni!" c'est-à-dire, "Maître!"
Jésus lui dit: "Ne me touche pas; car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Mais va trouver mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu." Marie de Magdala alla annoncer aux disciples qu'elle avait vu le Seigneur, et qu'il lui avait dit ces choses.»
Évangile de Jean, 20, 11-18

Plusieurs textes gnostiques comme "les évangiles de Thomas, de Marie, et de Philippe, la Sagesse de Jésus-Christ, la Pistis Sophia, les Dialogues du Sauveur," qui sont des écrits en copte traduisant un original grec, datés entre le 2ème et le 4ème siècle après J.C., présentent Marie Madeleine comme étant très proche du Christ.
Par exemple, dans la Pistis Sophia, datant sans doute de 350, Marie-Madeleine pose 39 des 46 questions à Jésus, et Pierre se fâche car elle joue le rôle principal dans le dialogue et que ses prérogatives à lui ne sont pas respectées (36 ; 71)
Dans le Dialogue du Sauveur, elle est aussi très présente car elle appartient à un petit groupe avec Jude et Matthieu, qui reçoit une instruction particulière du Seigneur et elle est louée comme une femme "qui connaît le Tout".

D'après l'évangile de Philippe, Marie-Madeleine a une place unique:

« Trois avaient constamment affaire avec le Seigneur : Marie, sa mère, sa sœur et Madeleine, qui est appelée sa compagne. Sa sœur, sa mère et sa compagne s'appellent en effet toutes Marie…Le Sauveur aimait Marie-Madeleine plus que tous…Les autres disciples allèrent vers eux pour poser leurs exigences. Ils lui dirent: "Pourquoi l'aimes-tu mieux que nous tous?"
Le Sauveur répondit en leur disant : "Pourquoi je ne vous aime pas comme elle ? Lorsqu'un aveugle et un voyant se trouvent ensemble dans l'obscurité, ils ne se distinguent pas l'un de l'autre. Mais quand la lumière vient, le voyant voit la lumière et l'aveugle reste dans l'obscurité."

Dans l'évangile de Thomas qui remonte au premier siècle, Pierre encore, s'oppose au fait que Marie-Madeleine fasse partie du cercle des disciples proches du Christ:
« Simon-Pierre leur dit : "Que Marie sorte de parmi nous, car les femmes ne sont pas dignes de la Vie". Jésus dit : "Voici que je vais la guider afin de la faire mâle, pour qu'elle devienne, elle aussi, un Esprit vivant semblable à vous, mâles. Car toute femme qui se fera mâle entrera dans le Royaume des cieux." »
Évangile de Thomas, 114

Qu'est-ce qu'une femme qui sera faite mâle? 

Dans cet extrait, les allusions à la Kundalini et au système subtil sont très nettes. Selon la compréhension de Sahaja Yoga, rendre Marie Madeleine "mâle" ce n’est pas lui ôter sa féminité, c’est éveiller son système subtil de manière à ce que son canal droit, qui est le canal masculin, soit illuminé. Ainsi, la personne devient un Esprit vivant en obtenant la Réalisation du Soi, car l'illumination permet l’éveil. La Kundalini, en s'éveillant, fait ressentir de nouvelles sensations liées non seulement au système nerveux sympathique, mais ce qui est nouveau, au système parasympathique.
La Kundalini, une fois qu’elle a traversé les six centres subtils, se retrouve dans la zone limbique du cerveau, qu’elle baigne de son énergie. C’est cela "entrer dans le Royaume des cieux", car cette énergie est directement liée au Tout, à l’univers, à Dieu. C’est ainsi que Marie-Madeleine peut connaître "le Tout" qui est Dieu.

Les textes gnostiques ont été découverts, pour la plupart, à Nag Hammadi en Haute-Egypte à partir de 1945. Collection de la Pléiade, Écrits apocryphes chrétiens I et II , ed. Gallimard, 2005.
Plus sur:
 http://dictionnairesahajayoga.blogspot.fr/2010/11/sahajayoga-i-marie-madeleine-dans-la.html
Publié par dictionnaire sahaja yoga

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